L’encadrement des pratiques non conventionnelles en santé est sur le métier

douces, médecines alternatives, médecines complémentaires… La multiplication des appellations pour désigner les pratiques non conventionnelles irrite l'Ordre national des médecins, qui veut protéger par la loi le terme «médecine».

C'est un vieux serpent de mer mais qui prend un tout autre relief depuis le Covid-19 : effrayés par la surenchère sanitaire et la pénurie de médecins, les Français se tournent de plus en plus vers des pratiques de santé qui leur semblent plus naturelles, tournées davantage vers le préventif et la liberté thérapeutique. 

Selon un récent sondage réalisé par Odoxa pour l'Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu) en mai, plus d'un Français sur deux (54%) s'estime plus disposé qu'il y a 5 ans à y avoir recours. Mieux : les personnes interrogées, à une écrasante majorité (70%), ont même une image positive de ces pratiques, souvent décriées dans la presse.

Mais de quoi parle-t-on au juste : douces, alternatives, parallèles ou pratiques de soins non conventionnelles ? Chacun tente d'imposer sa phraséologie… Après le rapport Lannoye, du nom de ce député européen belge qui a fait adopter par le Parlement européen, le 29 mai 1997, une résolution sur le statut des « non conventionnelles», on pensait que la querelle des mots allait s'éteindre, au profit d'un long travail de validation.

Engouement des Français pour les médecines douces

D'autant que, depuis les recommandations de , à la fin des années 1970, de nombreux pays en et dans le monde non occidental ont mis en place des processus de reconnaissance de la médecine traditionnelle et de ses praticiens, avec un encadrement de leurs activités et un travail de recherche renforcé sur les médicinales et le développement de remèdes traditionnels.

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En , dans la foulée de la résolution Lannoye, la loi Kouchner, en 2002, en introduisant la reconnaissance de la profession d'ostéopathe et de chiropracteur en , ouvrait la voie à la cohabitation entre médecins, auxiliaires médicaux et non-professionnels de santé, préfigurant ce qu'on appelle aujourd'hui la médecine .

Las ! L'engouement actuel des Français pour ces pratiques non conventionnelles inquiète le milieu médical. «Aujourd'hui, l'offre de PSNC (pratiques de soins non conventionnelles) étant exponentielle, il est nécessaire de faire le tri entre des pratiques dangereuses pour la santé des patients et celles qui peuvent présenter un intérêt dans l'accompagnement du malade et les restreindre au seul domaine du bien-être», explique l'Ordre des médecins dans le rapport qu'il a publié mardi.

« Des pratiques de bien-être », selon l'Ordre

L'Ordre rappelle que ces pratiques ne sont «ni reconnues, au plan scientifique, par la médecine conventionnelle, ni enseignées au cours de la initiale des professionnels de santé»,  évoquant «l'exercice illégal de la médecine» de certains praticiens, les «dérives thérapeutiques», qui peuvent notamment conduire à l'arrêt de soin et à une perte de chance pour des personnes malades, voire des «dérives sectaires».

«Il y a une forme de banalisation des pratiques de soins non conventionnelles, et c'est dangereux. Nous ne diabolisons pas. Le sujet est qu'elles restent des pratiques de bien être, et ne se substituent pas aux thérapies, au risque de mettre les patients en danger», estime le Dr Claire Siret, chargée du dossier au sein de l'Ordre, dans une interview à Ouest-France.

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En 2016, l'Ordre des médecins avait sollicité les parlementaires, au moment des discussions sur la loi sur la modernisation du système de santé, pour leur demander de voter un amendement protégeant le terme «médecine». Mais la proposition n'avait pas été retenue. Cette fois, seront-ils entendus ?

Un comité d'appui sous l'égide du gouvernement

Le rapport de l'Ordre des médecins a été rendu public à la veille de la première réunion du comité d'appui pour l'encadrement des pratiques non conventionnelles de santé (PNCS), qui se tient ce mercredi, sous l'égide des ministères de la Santé et de l'Intérieur. Il rassemble des autorités de santé, comme l'Agence du médicament, la Miviludes, et des représentants de la société civile, pro ou contre, comme le collectif NoFakeMed.

Ces experts seront chargés de dresser une cartographie des «médecines alternatives». À terme, le comité devrait aussi être appelé à travailler sur la qualité des formations et la manière dont les patients recourent à ces pratiques. Toutefois, il n'aura pas de pouvoir décisionnaire. La balle sera, au final, dans le camp du gouvernement.

Consulter ici le rapport Les pratiques de soins non conventionnelles et leurs dérives (Ordre national des médecins).

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